Mardi 16 avril 2013, Emission TOUTE UNE HISTOIRE – France 2
Thème « Les IMG »
Je réagis en direct à cette émission, pour être sûre de ne rien oublier… même si les émotions sont bien grandes ….
Premier témoignage : « sensation de mauvais pressentiment »
Mon Dieu ce sentiment … je crois et je comprends cette maman. Je n’ai jamais évoqué cette partie de ma grossesse mais je crois que j’ai su tout de suite que Gabriel ne vivrait pas en dehors de mon ventre. Dès le test de grossesse, dès les premiers instants. Je le savais au fond de moi. Bien sûr je me censurais moi-même, j’ai voulu y croire malgré tout, j’ai voulu me persuader que le stress de cette première grossesse me faisait perdre la tête. J’ai voulu le garder à tout prix, le plus longtemps possible. Je me déteste d’avoir eu raison … Peut-être que Gabriel a voulu dès le début me prévenir ? Un bébé peut-il envoyer des messages à sa maman depuis son ventre ? Après tout, si le pire est possible, pourquoi pas cela ?
« Insupportable » : que dire de plus ?
Est-il nécessaire de commenter ce mot ? Je ne sais même plus … on y perd une grande partie de sa raison c’est certain, la folie nous envahit comme des ronces ! Et la griffure ne dort jamais …
« Le plus beau jour de ma vie » : Mon Dieu oui … je suis devenue mère avec Gabriel, quoiqu’il en soit aujourd’hui, il est mon premier enfant, le premier enfant qui soit sorti de mon ventre, le premier amour inconditionnel de ma vie. Il est celui qui m’a fait devenir mère, celui qui a tracé le nouveau chemin de notre vie. Il est notre fils, il est notre vie de l’au-delà. Je sais qu’il nous attend, je sais qu’il veille sur nous. Comment aurions-nous pu survivre à ça ? Nous relever de sa perte ? Comment aurions-nous pu faire sans son aide ? Il est constamment là, tout prêt. Je le porterai dans mon ventre et mon cœur toute ma vie, et même après.
« Il ne faut pas sous-estimer les intuitions des mères » : si seulement cette phrase pouvait atteindre les oreilles « scientifiques » des médecins … Je me souviendrais toute ma vie le mépris de l’urgentiste face à mes doutes (certitudes ?), son refus total de m’écouter, d’accorder du crédit à mes paroles. Je me souviens ensuite la couleur de son teint au moment de l’échographie, sa panique et sa lâcheté !
Soyez honnête avec vous-même mesdames et messieurs les « érudits » : certaines choses peuvent parfois vous échapper et vous dépasser. Est-ce l’amour maternel ? L’instinct ? Quoiqu’il en soit écoutez-nous … ne nous méprisez pas !!
« Pensez bien que vous n’être pas responsables » : c’est si dur … je revois chaque instant de chaque jour qui a précédé la mort de Gabriel. Je crois même que j’invente des choses à force de parcourir ses journées dans ma tête. Comment ne pas culpabiliser de ne pas avoir su protéger son propre enfant ? Dans son propre corps ? Comment ne pas détester ce corps qui a « failli » ? Ce corps qui nous a trahis ? Comment se supporter après avoir mis au monde un enfant non-vivant ?
« Tout cela reste très tabou » : c’est certain, mais j’ai espoir que les choses bougent. C’est vrai que c’est encore souvent honteux d’évoquer ce drame. Nous sommes les « mères qui n’ont pas su aller au bout de leur grossesse », « les mères qui sont peut-être contagieuses », « les parents qu’il ne faut pas brusquer », etc … Pour ma part, j’évite un peu de communiquer sur ce thème maintenant. Trop de remarques vraiment pas jolies … pour ne pas dire dégueulasses !
« L’espoir » : j’ai envie de dire qu’il ne nous reste pas grande chose à par ça après l’accouchement. Bien sûr que c’est ce qui nous fait tenir, bien sûr qu’on ne vit que pour cet espoir les mois qui suivent, bien sûr que c’est vital de porter la vie à nouveau. Bien sûr que la vie DOIT reprendre ses droits très vite. Rentrer chez soi après un accouchement d’un enfant sans vie est insupportable, tous les projets volent en éclat, la fatalité nous saute à la gorge et nous cloue au sol. Bien sûr que plus rien ne compte à part ce besoin et cette envie de faire entrer à nous la vie dans notre foyer.
« Les conjoints doivent absolument en parler » : je ne détaillerai pas cette partie mais je crois que même si nous parlons peu de Gabriel avec David, nous en parlons « bien »… surtout je pense que nous n’avons pas besoin de mots pour parler de lui, nos esprits sont connectés en permanence par Gabriel et Laora.
Fin de l’émission … que dire ?
Merci à ses femmes courageuses d’avoir été là, énormément de courage à cette maman qui compte deux IMG, deux anges sur son livret de famille, que Dieu lui accorde enfin le droit de porter la vie jusqu’au bout, d’être une maman à part entière.
Merci à France 2 d’avoir osé accorder une émission entière sur ce thème.
Merci à Gabriel….