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Il y a deux jours, j'ai enfin pu regarder le magnifique film de Nils Tavernier : L'Odyssée de la vie

A un moment dans ce film, Barbara, la future maman, explique qu'elle ne s'est jamais autant sentie femme, qu'elle a comme le sentiment qu'elle est faite pour ça : faire des enfants, les porter, les attendre, les mettre au monde, les élever.

Il me semble qu'il y a encore quelques mois, ce genre de déclaration ultra-maternaliste aurait pu me faire bondir, et j'aurai alors sorti mon argumentaire pro-féministe libérée avec rage.

Il faut croire que la maternité change les femmes, tellement peu physiquement que d'une façon déontologique et psychique.

Mes principes et mes opinions ont foutu le camp !

Je dois bien avouer aujourd'hui que je suis d'accord avec Barbara...

Comment expliquer cette sérénité, cette plénitude qui occupent chaque particule, chaque pensée d'une femme enceinte ? J'aime être enceinte, j'aime savoir que ma fille grandit dans mon ventre, qu'elle s'y sent bien, qu'elle puise en moi ce dont elle a besoin pour grandir et devenir forte. J'aime l'attendre, j'aime préparer sa venue, j'aime lui parler et l'imaginer. J'aime compter les jours qui me séparent du moment où je la serrerai contre moi...

J'aime par dessus tout que mon corps se transforme pour elle. Être enceinte, c'est prendre conscience et accepter de ne plus être seule, d'être "habitée" et de devoir donc partager ce corps qui nous était propre pendant toutes ces années. C'est se dire "les vergetures, la cellulite, la sciatique et la lombalgie, la fatigue, les angoisses, l'attente, les nausées... tout cela n'est rien, puisque mon corps fabrique mon bébé. J'accepte tout"

Alors bien sûr, on en reparlera dans 3 mois et des poussières, quand il sera temps d'aborder les sujets "so glam" like :

- suite de couche

- points d'épisio / de césa

- lactation / montées de lait / engorgements / crevasses

- régurgitation / colliques

- rééducation du périnée

Je profite donc au maximum de ces merveilleux moments de la grossesse, je sais qu'ils me seront utiles pour m'évader le moment venu ...

Samedi, nous fêterons nos 5 ans avec l'homme de ma vie.

C'est pas grand chose finalement, mais quand je me retourne, je me rends compte à quel point ces 5 ans ont été importants, déterminants même !

Je souris toute seule car, à la base, ce n'était pas gagné !

Déjà, ce n'était pas censé durer tout "ça"... Nous étions amis avant d'être amoureux, depuis des années déjà, et il n'était pas question d'une histoire sérieuse entre nous ! Surtout pour moi en fait, qui sortait d'une histoire (de 5 ans !) plus que chaotique .... mon crédo à ce moment : "je vais tous vous faire payer bandes de chacals en rut !!!", avec bave aux lèvres et poignard de glace dans la poche (ça fond ...)

Bref, on était pas partis pour s'aimer d'amour quoi ....

Bon ba on en est revenus apparemment !

5 ans plus tard : un an de location, puis un achat immo sur 30 ans, un compte bancaire commun (et les factures qui vont avec), une voiture, un fils, une fille en préparation, un mariage l'année prochaine. 

Bref, rien de très sérieux ...une histoire sans lendemain entre nous !

On a vécu de très bons moments, on a surmonté le pire aussi. On a tenu, on s'est portés à bout de bras, on s'est serrés fort l'un contre l'autre, on a haussé le ton (pas souvent ...), on a accordé nos violons et nos modes de vie (pas si similaires !!). Je dirais qu'on s'en sort pas trop mal, ma foi ! En tout cas, on est pas malheureux, et cinq ans après, on se manque encore, on s'appelle plusieurs fois par jour, on essaye de ne pas faiblir dans les petits efforts quotidiens ....

Bref, je pourrais parler des heures entières de mon homme, mais pas sûre de vous intéresser tout autant.

Tout ça pour dire que je me sens méga fière de me projecter dans quelques mois, et de me dire "ce mec là tiendra ma main et m'apportera de l'eau, il supportera mon humeur de m**** pendant des heures", parce qu'il m'aime .... et moi aussi je l'aime ....

Voilà, c'était le post "love me tender"

"La gestation d'une éléphante est la plus longue de tous les mammifères terrestres. Elle dure de 20 à 22 mois. La durée d'allaitement est comprise entre 36 et 48 mois. Les mises bas s'espacent d'environ 2 ans et demi à 5 ans. La gestation est plus longue pour un éléphanteau mâle que pour un éléphanteau femelle.

Une éléphante peut être en gestation jusqu'à l'âge de cinquante ans. Dans la plupart des cas, un seul éléphant est porté ; les cas de gémellité sont très rares."

Source :  Wikipédia

Depuis que je suis enceinte, je ne peux m'empêcher d'avoir tous les matins une pensée pleine de respect et de tendresse pour les mamans éléphantes.

22 mois ! Elles portent et attendent leur bébé pendant presque deux ans ! Quelle sagesse leur permet de supporter cette attente ?

Pour ma part, je me considère enceinte depuis septembre 2010, soit depuis un peu plus d'un an. Et là les mamanges comprendront très bien le pourquoi du comment de cette affirmation : Quand on a vécu une grossesse de plusieurs mois qui nous prive de bébé, on sait qu'on en prend pour une peine d'attente et de "grossesse fantasmée" jusqu'à la prochaine réelle grossesse.

Mais nous sommes tous d'accord qu'une grossesse, en toute logique, dure environ 40 semaines. Et bien pour ma part, ces 40 semaines sont le Kho Lanta de la patience !!! J'ai "déjà" (ironie) parcouru 22 semaines et demi (SA) et je n'en peux déjà plus d'attendre... J'ai l'impression que ce sentiment est démultiplié à chaque échographie. Voir ma fille sur l'écran, apercevoir ses petites mains, son profil (et même plus pendant les 3D), ses adorables petits pieds, etc etc ... renforce mon envie (mon besoin ?) de la voir "en dehors", de la serrer contre moi. Me tarde tant de respirer son odeur, d'entendre sa voix, de toucher sa peau de bébé, de la câliner.... Le temps est si long quand on aime !

Cependant, je savoure ma chance d'avoir une puce très active et pas avare de mouvements et de petits (grands !) coups. Nous avons de longues conversations elle et moi, surtout le soir et la nuit, car ma fille est apparemment un hiboux.

Ces moments me permettent de patienter un petit peu.

Alors s'il vous plaît les ami(e)s, ayez avec moi une pensée émue pour les éléphantes... J'espère que les éléphanteaux aussi donnent des coups dans le ventre de leur maman.

Ma vie médiatique aura duré environ une après midi.

Belle expérience ...

Pour ceux / celles qui ne connaissent pas "Allo Rufo", voici le site. (les émissions durent au maximum 15min)

http://www.france5.fr/allo-rufo/

Le principe : Marcel Rufo, pédopsychiatre qu'on ne présente plus, répond à plusieurs questions via 3 modes :

- 1 personne pose sa question en direct sur le plateau

- 1 personne au téléphone

- 1 question internet ou presse écrite

Tout cela en très condensé donc, le but n'étant pas d'entamer une pédopsychothérapie avec Rufo.

Ce cher professeur Rufo est un homme accessible, humain et chaleureux. Pour avoir lu plusieurs de ces ouvrages par le passé, je l'imaginais ainsi. Nous partageons les origines et la langue italienne, ce qui n'est pas sans créer des liens, forcément ... Il a le tutoiement facile, le sourire généreux et le clin d'oeil amical. Une belle rencontre, bien que très rapide !

Je me suis donc adressé à lui sur le plateau afin de lui poser cette question :

"Mon mari et moi avons perdu notre premier enfant, décédé in utéro à 20 semaines. Je suis aujourd'hui enceinte de 22 semaines, d'une petite fille, et depuis plusieurs semaines, je rêve de mon fils, ce qui ne m'étais jamais arrivé avant. Dans mes rêves, mon fils est en bonne santé, il est très petit, tel que je l'ai mis au monde, et je l'allaite. Que dois-je en penser ? Quelle est la place de mes deux enfants dans mon inconscient aujourd'hui ?"

Réponses de Rufo :

"Je suis ravi que vous rêviez de votre bébé disparu. C'est une excellente nouvelle. Sachez qu'on ne fait jamais le deuil d'un être que l'on a aimé, on y pense moins mais on noublie jamais, ce serait une hérésie de dire le contraire. Vous en rêvez car vous commencez à accepter, à l'intégrer comme un merveilleux souvenir en vous.

Cependant, je ne saurais que vous conseiller de garder ce drame pour vous et votre mari, comme une histoire de couple. Votre petite puce n'a rien à voir dans ce passé qu'elle ne maîtrisera jamais. Taisez la mort de son frère"

Uppercut !

Je ne m'attendais pas à cette seconde réponse. A vrai dire, nous étions persuadés de vouloir intégrer Gabriel en tant que grand frère de la fratrie à venir. Que dire et que penser alors ? Serions-nous égoïstes de vouloir faire vivre Gabi au travers de cette fratrie ? Serait-ce alors symptomatique ?

Au final, poser cette question m'en aura fait naître tant de nouvelles !

Je garde un excellent souvenir de cette expérience malgré tout, je suis ravie de l'avoir fait, d'avoir mis des "mots sur mes maux" devant un personnage reconnu comme Rufo.

Je garde en mémoire son sourire et son clin d'oeil après l'émission, des signes qui remplacent bien des conseils...

Je crois qu'avec David, nous ne saurons jamais comment réagir, nous savons juste que rien ne viendra directement de nous. Nous attendrons les questions de nos enfants, si elles arrivent un jour, et tenterons de faire au mieux ....

Diffusion de l'émission le 7 mars 2012 à 10h. J'espère la voir en allaitant ma fille .....

J'aurai alors une pensée émue pour ce grand frère qui vient me rassurer dans mes rêves .....

Mais, et je suis désolée d'avoir à le rappeler, je suis aussi :

- la fille qui aime les chocobons

- la fille qui sait imiter la biquette

- la fille qui ne sait pas cuisiner

- la fille qui aime par dessus tout les apéros improvisés en semaine (Champomy d'abord !)

- ...

Bref, je suis toujours la même. Je l'ai déjà dit et répété mais si j'avais voulu m'ouvrir les veines il y a 10 mois j'avais le matériel, le temps et le mobile. Et je n'ai rien fait de stupide dans ce genre, je ne crois même pas y avoir pensé.

J'aime trop la vie pour ça.

Alors s'il vous plaît ARRÊTEZ !!! Arrêter de vouloir me protéger, arrêtez de me regarder comme une pauvre bête à l'agonie, arrêtez avec votre pitié qui me rend furieuse !!! Si vous voulez être de bons amis, je vous demande de prendre exemple sur mon ami Roméo, qui a très justement dit : "je ne t'aurai jamais fais l'affront de te regarder autrement, de te considérer autrement. Je ne t'ai pas épargné car je sais que tu ne le veux surtout pas". Mon Dieu ce qu'il a raison ! Et comme il a tout compris sans que je ne lui demande rien. Merci à toi ..... tu m'as fait un magnifique cadeau en me laissant redevenir ton amie, la même qu'avant. Merci .....

Je n'ai jamais demandé à ce qu'on m'épargne, à ce qu'on me cajole! Je n'ai jamais demandé à ce qu'on me prenne en pitié ! Vous croyez qu'il me reste quoi à part ma fierté et de l'espoir aujourd'hui ?! Vous croyez que votre pitié et vos "douces attentions envers celle qui a subit" m'aident à avancer ? Réfléchissez un peu s'il vous plaît ....

Je sais à quel point ce post paraîtra injuste et cruel aux yeux de certains. Je sais que toutes vos attentions sont bonnes, qu'elles partent d'un bon sentiment. Je suis désolée de vous informer que vous vous trompez. Vous me faîtes énormément de mal avec votre condésendance ......

Arrêtez de penser à ma place, arrêtez de vouloir me prévenir, me préserver. Je n'ai pas besoin de vous pour ça, désolée ... J'ai besoin de votre amitié, de votre soutien, de votre confiance. Je préfère l'indifférence à la pitié, et oui !

Ne me regardez pas avec vos yeux inquiets quand on parle de bébé disparu, décédé. J'ai supporté la mort de mon fils, je la porterai toujours en moi, je n'ai pas besoin de votre pitié pour cela. Laissez moi en faire mon affaire.

Je sais que cette situation est entièrement de ma faute, j'ai trop communiqué à l'époque. Je me rend compte avec le recul que je n'ai pas été comprise à juste mesure, j'aurai du souffrir en silence. Vous n'êtes pas de mauvais amis, vous réagissez selon vos propres valeurs, ce que je respecte. Je vous demande de respecter ma fierté svp. Vous ne POUVEZ PAS savoir à ma place ce qui me fera mal ou pas, ce que je suis à même de supporter ou pas.

Voilà, ce post fera très certainement réagir, et je m'excuse à l'avance de son ton accusateur. Je l'écris sur le coup de la colère et de la déception, j'y ai réfléchi et j'assume.

J'ai répété beaucoup de fois le mot "pitié" dans ce post, je laisse ma part, lancez la à d'autres bêtes mourantes, je ne suis pas à l'agonie.

Sans rancune .....