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Noël 2010, du bonheur brille partout : dans notre maison, sur notre sapin et nos fenêtres. Un bonheur brillant grandit aussi dans mon ventre, depuis 20 semaines .... Un petit bonheur de plusieurs centaines de gramme, mais le plus grand, le plus doux, le plus attendu des cadeaux ! Notre bébé bien au chaud, au creux de moi.

Nous imaginons notre dernier Noël à deux avec Papa, le prochain sera notre premier Noël de Parents ! Un enfant de 6 mois rond, joyeux, riant aux éclats déchirera ses premiers paquets, avec l'impatience et la naïveté si belle sur les visages des petits .... Et nous serons heureux ! Heureux, heureux, heureux .... Nous aurons bien sûr acheté bien trop de cadeaux, la moitié ne sera sans doute jamais utilisée, mais ça n'a pas d'importance : nous serons les parents le plus comblés du monde !

Ce 24 décembre 2010, je pensais encore que la vie ne peut pas reprendre le plus beau des cadeaux offert à des parents, je pensais que tout irait bien, que tout allait vers le plus puissant des bonheur. J'y croyais comme au Père Noël ! Rien ne pouvait gâcher ma joie, mon impatience, ma fierté. Mon ventre était déjà bien arrondi, j'avais mis une belle robe pour montrer au monde entier ce petit bébé qui fêtait Noël avec nous, bien au chaud contre mon coeur ....

J'avais hâte de revoir mon enfant, début janvier. J'avais hâte qu'un médecin gentil et professionnel nous annonce "tout va bien, comme la dernière fois"

Je ne me doutais pas encore que la prochaine fois serait la dernière fois ....

Je ne voulais pas croire qu'on puisse perdre un enfant un 3 janvier, démarrer une année avec ce traumatisme, avec cette rage et ce sentiment que jamais nous ne pourrions supporter ça .... Comment avons-nous pu supporter ça ? Je ne sais toujours pas ....

Noël et la nouvelle année ont depuis ce goût amer d'une grande escroquerie .... celle de nous faire croire pendant 15 petits jours que tout est merveilleux, que rien ne peut arriver, que les miracles existent .....

Pourtant je sais que nous pouvons y croire ! J'ai porté un autre enfant le Noël suivant, je l'ai accueulli dans mes bras quelques mois plus tard .... je sais que les miracles existant bel et bien. Parfois le Ciel doit être trop débordé pour déposer les belles histoires dans tous les foyers ....

J'essaie de ne pas être en colère, j'essaie de ne garder que le meilleur de cette période. Mais tu n'es pas là, et tu nous manques ... Jamais tu n'arracheras de beau papier brillant, jamais tu ne criras de joie devant un camon de pompier bien trop bruyant pour nos oreilles de parents.

Alors dans les yeux de ta soeur, dans les mouvements du bébé dans mon ventre, je te chercherai un peu Toi, notre Petit Prince du Ciel .... et ce soir, quand tout le monde sera heureux et comblé, je sècherai discrètement une larme derrière mon sourire .... et je t'adresserai la plus belle des pensées mon Ange ....

Parce que pour moi, Noël et la fin d'année, auront à jamais ce goût d'inachevé, de "pourquoi nous ?"

** Je t'aime **

Maman

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Sur Terre aujourd'hui, on fête les mamans mon Ange.

Une merveilleuse Princesse a rempli ma journée de paillettes, de fleurs, de rires, de terreau qui tâche mais qui fait un beau jardin, de Tchoupi et de "bisous a t'aime grand comme les galaxies".

Une belle journée remplie de fierté et de tendresse.

Une sale journée remplie de ton vide, de ton absence.

Je suis la mère d'un Ange, d'un enfant sans voix.

Ton papa m'a offert des fleurs ce matin, superbes et qui emplissent la maison d'une odeur d'amour.

Il m'a dit qu'elles étaient de la part "de Laora et de Gabi".

Il y pense tous les ans, à chaque fois il réussit ce pari impossible : te faire revivre le temps d'un instant, dans une pensée, une attention, un sourire, un clin d'oeil.

Tu es tellement "là" en étant si loin .... le Ciel est un endroit inatégnable pour des parents en souffrance. Nous pouvons y lever nos yeux, y tourner nos coeurs, mais pas y tendre nos bras ....

Comment être mère peut-il être aussi beau, aussi intense, aussi émouvant, et en même temps aussi dur, aussi triste ? ...

Le vide que laisse un enfant ne peut être comblé.

Cette année est si difficile mon Fils, elle est triste, impitoyable.

Avec Papa nous souffrons beaucoup, pour plein de raisons. Nous ne savons même plus qui Croire, pourquoi Croire. Avec ta merveilleuse soeur, vous êtes notre boussole, nous navigons à vue, sans trop savoir dans quelle direction, mais avec vous et vous... Vous êtes les seuls Êtres, sur Terre et au Ciel, a avoir notre confiance aveugle.

Nous allons nous battre, pour Toi, pour Laora, pour l'Amour.

J'avoue que pour la première fois depuis ce 5 janvier 2011, nous n'espérons rien de plus, et rien de moins, qu'un signe de toi ....

Aujourd'hui sur Terre on fête les mamans,

aujourd'hui au Ciel les nuages étaient blancs .....

Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi !

Charles Beaudelaire - L'Horloge

Oui, le temps est un joueur avide, qui gagne sans tricher à tout coup...........

Je pense souvent à ce texte de Beaudelaire quand je regarde le Ciel. Car rien n'est plus cruel, c'est plus absurde que cette course contre le temps qui passe, que cet espoir face à la fatalité.

Tu n'es pas là, tu ne grandis pas près de nous.

Et j'enrage. De ne pas avoir su te garder en moi, de ne rien pouvoir faire. Rien n'est plus grand, n'est plus violent que l'amour d'une mère pour ses enfants. Et pourtant je ne peux rien faire .... je voudrais vous couver d'un amour sans limite, toi et ta soeur : pouvoir respirer votre odeur à tous les deux, pouvoir vous serrer ensemble contre ma poitrine de maman ....

J'enrage de cette absurde réalité : devoir aller souhaiter l'anniversaire de notre fils au cimetière. Pourtant, nous nous sentons si apaisés d'avoir enfin trouvé le courage de découvrir cet endroit. Un bel endroit, un lieu ensoleillé, serein.

Nous avons pris la route, nous avions convenu de ce rendez-vous, avec ton Papa.

Nous t'avons un peu cherché, dans ce si grand cimétière de Thiais. Puis nous sommes arrivés ....

Et nous avons pleuré, énormément pleuré. Nous nous sommes serrés l'un contre l'autre, avec ton Papa.

Nous avons longtemps marché, nous avons vu toutes ces petite stèles, ces dates de vie et de mort, qui sont bien souvent les mêmes, ou si rapprochées .... nous avons vu toutes ces peluches, tous ces petits jouets, ces doudous, bien à l'abris dans des bocaux .... des familles avaient accroché des guirlandes et des boules de Noël aux arbres. Bien malgré nous, nous avons souri ...

Nous avons choisi un bel endroit, "celui où le soleil se couchera tous les soirs" a dit ton Papa.

Et nous y avons déposé ce petit objet, cet ange gardien, ainsi qu'une belle photo de nous trois, avec ton Papa et ta petite soeur. Nous voulions ainsi rester près de toi, même en partant ....

Nous nous sentons si bien d'être venus te voir, d'avoir enfin vu cet endroit où un jour, tu as définitivement pris ton envol.

Je dois t'avouer quelque chose mon Gabi : c'est aujourd'hui ton anniversaire, et pourtant c'est toi qui nous a fait un cadeau mon Ange.

En cette fin d'année, nous n'arrivions plus à nous aimer correctement avec ton Papa. Nous étions souvent en colère, nous étions en train de prendre des décisions qui n'en étaient pas.

Pour des bêtises, pour des choses peu importantes ...

Et un jour, nous avons eu besoin de parler de toi, de penser à toi. C'était Noël pour toi aussi .... et tout à coup nous nous sommes souvenus à quel point nous nous aimons, à quel point nous avions vécu tellement pire, sans jamais nous éloigner l'un de l'autre à ce moment. Nous sommes restés debout ensemble, nous avons tenu bon ensemble.

Nous nous sommes souvenu ce 29 septembre, ce 3 janvier, ce 5 janvier. Nous nous sommes souvenu ce 29 juin, ce 2 mars et enfin ce 15 septembre..... et nous nous sommes souris ....

Puis nous avons oublié pourquoi nous étions si en colère.

Qui mieux qu'un Ange pouvait à ce point insuffler de l'amour dans notre foyer à ce moment précis ?

Merci Gabriel,

Bon anniversaire mon Ange.

Aujourd'hui plus que jamais j'espère que les Anges ne peuvent pas ressentir l'abandon et la rancoeur ....

Nous n'avons pas pu Gabi, nous étions décidés, nous avions organisé notre rendez-vous. Mais nous n'avons pas pu ....

J'ai peur de ce que je verrai là bas .... un bout de pelouse, une pierre tombale, des fleurs peut-être ? Et quoi d'autre ? Rien ... le vide et le silence. Tu ne seras pas là ....

Pourtant je m'en veux. Nous ne sommes jamais venus. Est-ce que tu attends ? Est-ce que tu nous détestes ?

Je sais qu'un jour je viendrai, Papa viendra ... il suffirait d'une fois pour tout débloquer peut-être ?

J'espère que tu m'entends quand tous les jours je te parle, quand je pense à toi ....

Un jour je viendrai mon Ange, et j'aurais une surprise pour toi ....

Love .........