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9 février 2017 4 09 /02 /février /2017 15:26

Quand on vit un deuil périnatal, notre vie devient ponctuée d'évènements, que seuls nous pouvons vivre.

Par exemple, le fait de devoir, un jour, répondre à une petite de 5 ans, à cette question :

"maman, vous étiez où avec papa aujourd'hui pendant qu'on était chez papi et mamie ?"

Cette fois-ci, je n'ai pas voulu esquiver, je n'ai pas voulu lui mentir, je crois que je la sentais prête. J'ai attendu que nous soyons toutes les deux, au calme, et je lui ai tout dit ...

Depuis ce jour, je mesure l'intelligence émotionnelle de ma fille... Par des questions pertinentes, par des phrases d'une maturité qui me bouleverse. Elle a eu cette phrase, ce geste, que peu de gens ont osé dire / faire .... "maman, tu as du être très triste : je peux te faire un câlin ?". J'ai eu le plus merveilleux des réconforts jamais reçu depuis le 05 janvier 2011, de la part d'une petite fille de 5 ans ... Elle a ce don magnifique à l'intérieur d'elle : celui de la compassion, la vraie, la sincère. Elle ne cherche ni à faire plaisir, ni à diminuer les choses, elle est bienveillante par nature. Elle l'est avec moi, elle l'est encore plus avec sa petite soeur ... Elle a eu la plus belle des réponse à mon mal ... sans rien dire de déplacé, elle m'a aidée à recoller cette statuette que j'aime tant, que j'avais cassée lors de mon dernier déménagement ... elle a compris que j'avais de la peine, elle m'a fait un câlin, elle est repartie jouer ... ni trop, ni pas assez ... elle a été parfaite ...

Mais je m'en veux ...

Je m'en veux d'avoir ce passé,

de devoir répondre "oui" à la question "alors les bébés ils peuvent mourir maman ?",

de devoir la projeter malgré moi dans des souvenirs douloureux, dans des raisonnements de grandes personne ...

Mais je me félicite de lui avoir enfin tout dit ... elle a accueilli cela avec tellement d'intelligence ....

Je nous souhaite de pouvoir en parler le plus sereinement possible, je nous souhaite de continuer à faire vivre Gabriel via les pensées de ses soeurs ....

 

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23 décembre 2016 5 23 /12 /décembre /2016 11:07

Il est temps que je prenne le temps.

De te parler, d'essayer de t'expliquer. Je n'ai pas écrit sur ce blog depuis plus d'un an. Parce que l'année a été difficile, surprenante, ahurissante même.

La vie ne se prévoit pas, elle s'impose à nous, elle nous teste, nous propose des chemins. Elle nous demande parfois "es-tu heureux ? Vraiment ? Que veux-tu vivre aujourd'hui ?" et il faut constater, réfléchir, répondre, agir...

Il faut accepter aussi de surprendre, de décevoir, de passer pour fou / folle. Il faut répondre aux "pourquoi", aux "n'importe quoi". Il faut rester droit(e), accepter que le temps passe, apaise les esprits, tempère la surprise ...

Il y a des annonces bien plus difficiles que d'autres ...

Il y a les promesses qu'on ne peut plus tenir.

Il y a les changements, il y aura les renouveaux.

Nous n'étions plus en phase mon si tendre amour, avec ton papa c'était devenu si difficile. Nos chemins petit à petit ont pris des directions différentes. Nous avons eu des loupés, pardonnables, nous avons eu des mensonges, qu'on pensait pardonnables également. La rancoeur et l'ennui rongent les amoureux les plus amoureux ... Alors ... nous nous sommes souhaités une jolie vie, un peu plus loin l'un de l'autre, un peu moins l'un avec l'autre .... Nous nous aimerons toujours, grâce à toi, grâce à elles. Nous serons toujours une famille. Nous allons nous rendre des choses (pas des comptes, à quoi bon aujourd'hui ?). Nous allons continuer à vivre des choses ensemble, pour toi, pour elles ...

Et la vie nous proposera sûrement un jour encore un nouveau chemin ...

Nous reste la tendresse, les souvenirs. Rien ne pourra nous les enlever.

Nous reste ta mémoire ... Nous sommes venus te voir cette année, nous allons revenir bientôt pour ton anniversaire .... Rien ne nous séparera vraiment car vous êtes, toi et tes soeurs, ce que nous avons fait de mieux, de plus merveilleux, l'un avec l'autre, l'un pour l'autre ...

 

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17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 11:30

Tous les ans, je fais semblant de ne pas me sentir concernée plus que ça, de survoler l’événement, un peu désintéressée, très hypocrite.

 

Comme s'il était possible d'oublier, de ne pas y penser, de ne pas voir que ça ... la place vide, le cadeau qu'on ne fait pas...

Crois-moi : j'ai mis le paquet pour tes sœurs ! Je me suis creusée la tête, j'ai (un peu) espionné les conversations de Laora, avec ses copines, avec ses doudous ... J'ai traîné sur les blogs bébés, les pages puériculture, afin de gâter Rachel pour ce merveilleux 1er Noël parmi nous ...

Et malgré moi, j'ai regardé tous ces jouets, tous ces cadeaux que j'aurais tant aimé déposer sous le sapin, en y apposant une étiquette "Gabriel" ....

 

Tous les ans, le bruit du papier cadeau me déchire le cœur ! Celui que tu n'arraches pas, celui que tu n'éparpilles pas partout dans le salon, auprès de tes deux merveilleuses sœurs aussi excitées que toi !

La vie coule, passe, fait son oeuvre, mais rien ne pourra jamais changer cette réalité : il nous manque un enfant .... Le livre continue de s'écrire, mais le marque page reste figé sur celle de ta venue au monde ....

 

*****************************************************

 

Si la magie de Noël pouvait me laisser ma chance, voici le vœux que je formulerais :

Une nuit, une heure, une minute, juste Toi + moi + ton papa .... Une nuit, une heure, une minute à se regarder dans les yeux, à s'apprendre par cœur encore une fois ....

 

 

Le marque page
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24 novembre 2015 2 24 /11 /novembre /2015 10:34

Parce que je ne prends pas toujours le temps de vous parler à cœur ouvert, de prendre le temps de juste discuter avec vous.

Parce que le quotidien c'est un gros enfoirée quand même (on ne dit pas "enfoiré" mes amours, c'est un gros mot, y'a que maman qui a le droit !)... un sale égoïste qui estime être le destinataire exclusif de mon temps, de mes pensées. Il est méchant tout moche le quotidien !

 

Parce que le boulot de maman c'est un encore plus pire enfoiré (idem) et que c'est à cause de lui que des fois maman elle a une tête de méchante, elle soupire et elle a pas envie de jouer. C'est un peu une excuse, parce que finalement le boulot il doit rester au boulot, et vous n'y êtes pour rien mes pucinettes ....

 

D'ailleurs je râle, je crie, je suis pas gentille, mais je vous le dis presque jamais : quand je retrouve le sourire c'est grâce à vous !

 

C'est quand toi ma grande Laora tu cries "mamaaaaaaaaaaaan !!" quand j'arrive à la garderie, que tu te loves dans mes bras et que tu mets ta tête dans le creux de mon cou, comme quand tu étais un bébé ..... C'est quand tu déverses un flot de paroles impressionnant pour me raconter ta journée, et que j'ai du mal à refaire le puzzle dans ma tête. C'est quand tu mets ta petite main dans la mienne et que tu me demandes "t'es garée où ?" alors que je me gare depuis 3 mois à la même place .... Ce sont tes petits rituels bien rodés auxquels tu tiens tant qui me redonne le sourire !

 

C'est quand toi ma toute petite Rachel tu feins l'indifférence quand je débarque chez la nounou, trop occupée à jouer avec des jouets super qu'on a pas à la maison. C'est quand au bout de 5 longues minutes tu décides que mon supplice a assez duré et que tu tends les bras vers moi avec un sourire à faire tomber le soleil amoureux ! C'est quand tu frottes ta petite tête contre mon pull en guise de câlin et que tu te mets à agiter tes bras dans tous les sens pour me dire que tu as passé une excellente journée. C'est quand tu débites des "mamamamamamamamamama" pendant des heures en prenant différentes intonations de voix, et que ça me fais presque exploser le cœur tellement je suis fière !

 

(Il y a aussi un autre truc qui me redonne le sourire le soir : c'est quand Papa rentre et que je peux lui refiler la gestion de la descendance pendant quelques minutes pour souffler et faire ma life, mais ça je vous le dis pas trop ....)

 

 

Finalement, ce que je devrais vous dire tous les soirs mes amours, c'est MERCI. Merci de me donner envie de courir vous retrouver. Merci pour votre odeur d'enfant, je vous sniff comme de la drogue tellement je vous aime ! Merci pour vos chamailleries et vos voies de meufs, ça mets de la vraie vie dans cette vie compliquée des fois .... Merci pour la salle de bain inondée et la chasse d'eau non tirée, merci pour les jouets partout et les miettes de gâteau pépite sur le canapé, merci pour la télé qu'on allume mais qu'on entend même pas, merci ....

Je pourrais faire semblent de me plaindre de vous pendant des heures, parce que c'est "so 2016" de se plaindre de ses gosses, mais après tout ... j'assume et je vous aime de tout mon cœur et plus encore mes chéries .... franchement sans vous ... je m'ennuierais !!!

 

 

 

 

Faut que je vous dise, mes filles .....
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7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 16:37

Nous n'avions pas vraiment choisi la date, nous avions décidé "comme ça" que ce 7 novembre serait "le jour du rendez-vous".

Nous nous sommes organisés, pour avoir le temps, pour être sereins et tranquilles ce jour-là.

Ce jour est arrivé, il faisait beau, nous étions heureux et rassurés. Ça n'aurait pas changé notre programme, mais le soleil était le bienvenu, c'est sympa de sa part d'être venu.

Le début de journée a été pareil à tous les autres. Une matinée tranquille, habituelle. Nous n'avions pas oublié bien au contraire, mais nous savions où aller, à quel moment partir.

Nous nous sommes préparés. Nous nous sommes fait beaux, pas trop quand même, mais assez pour "une occasion". Nous avions un peu le trac ... un rendez-vous réserve toujours son lot de petites surprises, de détails imprévisibles....

Et nous sommes partis .... Un couple, un restaurant .... Nous étions un peu embarrassés, un peu intimidés .... Nous savions tous les deux pourquoi nous étions là, ce jour en particulier, nous l'avions convenus ensemble... Nous avons parlé de rien, et surtout de tout. mais bizarrement, nous n'avons pas évoqué le but de cette journée, l'après, le fameux vrai rendez-vous .... Le trac, encore lui .... comment cela va-t-il se passer ? vais-je être à la hauteur ? Sans se le dire, nous pensions sans doute à la même chose au même moment .... comme tous les couples lors d'un rendez-vous, non ?

Nous étions là, tous les deux, heureux d'être ensemble, d'être seuls, entre nous. Une intimité qui nous rapprochait du but de tout cela ....

Il m'a demandé doucement : "On y va ?", j'étais un peu fébrile, un peu stressés, mais j'avais confiance, je savais où nous allions, et pourquoi. Avec un sourire, je lui ai répondu "oui ..."

Nous sommes partis. Chacun s'est un peu enfermé dans ses pensées. J'ai beaucoup parlé, je fais ça tout le temps quand je suis un peu stressée... Il me répondait, avec bonne volonté je crois ! La route a été agréable, rapide. Et nous sommes arrivés.

Rien n'avait changé, on oublie pas ce genre de chose .... Au début, nous avons un peu douté, et puis c'est vite revenu. Nous avons retrouvé le chemin. On oublie pas ce genre de chose ....

Rien n'avait changé, et pourtant tout était différent. Il m'a dit "on dirait qu'il y en a plus ..." Il était triste ... Je crois qu'il avait raison ....

Nous avons cherché sans le trouver un petit objet bleu ... Le même déposé 2 ans plus tôt. Il n'était plus là, ou alors il était caché .... Ce n'était pas si grave, nous avions d'autres petits objets à déposer ...... Et puis ces objets, ce n'était pas le vrai but de ce rendez-vous. C'était presque un prétexte.

Nous nous sommes promenés, au début chacun de son côté, par pudeur, par nécessité, pour s'habituer à l'endroit, une nouvelle fois. Puis, en nous tenant la main.... Par nécessité.

Nous avons choisi un petit coin, un peu au hasard, aussi parce qu'il était joli. Nous y avons déposé nos petits objets : une bougie, une fleur et un coquillage ....

Et puis, parce que nous étions là pour ça aussi, parce que nous avons réalisé à nouveau, comme chaque jour que Dieu nous accorde que nous devrons nous rendre ici encore et encore, et parce que de voir tous ces petits bouts de vie si vite envolés éparpillés un peu partout : nous avons pleuré. En se serrant dans les bras l'un de l'autre ... Et je voyais, j'imaginais, des centaines et des centaines d'autres couples, faisait le même chemin que nous, ayant les mêmes gestes que nous, pleurant les mêmes larmes que nous .... Je les voyais comme dans un rêve, comme des fantômes devant moi, des âmes transparentes se baissant si près du sol pour déposer un petit objet, une fleur, un doudou enfermé dans un bocal.... Des couples qui eux aussi avait rendez-vous.

Aujourd'hui, nous avions rendez-vous,

à une heure de route de chez nous,

à Thiais,

au Carré 94.

Car aujourd'hui, nous avions rendez-vous avec un de nos trois enfants,

Avec notre Fils, Gabriel

Le rendez-vous
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29 juillet 2015 3 29 /07 /juillet /2015 21:31
Happy beginning

Parce qu'il n'y aura plus jamais de "ending" ...

Nous nous l'étions mutuellement promis, nous avons enfilé des armures pour le combat, nous avons perdu des batailles et, finalement, (presque) gagné la guerre !

Car pour certains devenir parents c'est une épreuve ....

Aujourd'hui, nous avons la famille dont nous rêvions, et vient le moment du bilan, de la vraie introspection. Que l'on me prenne pour une folle, mais je n'arrive pas à regretter .... j'ai souffert, j'ai voulu "quitter le monde" comme l'écrit Douglas Kennedy *, j'ai cru ne jamais pouvoir le supporter. Et aujourd'hui, je porte mes blessures comme des petits trophées .... J'ai un fils et 3 petites étoiles dans le Ciel, et je pense à eux sans cesse. Et je suis fière de les avoir porté dans mon ventre, même seulement quelques semaines parfois. "Il est des douleurs qui ne pleurent qu'à l'intérieur" (JJG).....

Je déteste, je HAIS même, cette phrase stupide et insipide dont on nous rabâche les oreilles sans cesse : "ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort". Pour info, cette phrase est de Nietzsche, et il a terminé fou et dans un état de végétation mentale...

Je vais vous dire mon point de vue : ce qui ne vous tue pas vous traumatise, vous fragilise, vous anéanti, vous détruit et vous poursuit toute votre vie, le jour et la nuit. Ce qui ne vous tue pas vous fait boire beaucoup ! Et aimer bien plus mal ..... Ce qui ne vous tue pas vous donne envie de mourir. Voilà ce qu'engendre "ce qui ne vous tue pas" ....

S'il vous plaît, n'imposez pas cet aphorisme à des parents endeuillés ... Comment pourraient-ils y croire ? Perdre un enfant les rendrait plus fort ? En quelle façon ?

En revanche, s'il faut y trouver un côté véridique, peut-être que ce qui ne vous tue pas vous fait grandir, vous fait revoir vos priorités, vous rend plus proche de l'essentiel de votre propre vie.

Aujourd'hui, je choisi mes batailles .... J'ai appris le détachement des futilités, même si c'est difficile et que ça me rattrape souvent. Je n'ai plus envie de m'épuiser. Je n'ai plus envie d'être en colère.

Je veux juste voir mes filles grandir, et devenir de belles personnes. J'essaie de les entraîner vers ce chemin ... c'est encore plus difficile !

Dans quelques jours nous partons en vacances. A quatre .... Nos premières vacances avec notre famille au complet, celle que nous voulions construire. Nous les avons rêvées tant de fois, ces photos à quatre, ces jeux entre nos deux enfants ! Bien sûr, Rachel est si petite, mais quel bonheur à venir de voir grande et petite soeur jouer ensemble, se câliner, se chamailler.

D'une façon tout à fait directe, j'ai juste envie de crier "putain de bordel : ça y est !"

Nous avons gagné .....

* http://www.douglas-kennedy.com/site/quitter_le_monde_&300&1&1&9782714442598&0.html

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29 juillet 2015 3 29 /07 /juillet /2015 11:16
Lâchés dans la nature

Ce matin je suis très en colère.

Encore une fois la réalité cruelle du monde hospitalier français me gifle !

Tant d'épreuves psychologiques et mentales que nous avons dû traverser avec David aurait pu nous être évitées si le personnel soignant et médical avait pris la peine de nous considérer comme des personnes endeuillées et en souffrance... Et non pas comme des patients gênant à faire sortir au plus vite de l'hôpital pour ne pas encombrer une chambre plus longtemps.

Plus que jamais de ce matin j'ai vraiment ce sentiment d'avoir dérangé les personnes qui était censées nous accompagner ! Je parle surtout de l'équipe "cadre", car Yannick (mon SF accoucheur) et Vanessa (SF écho) ont été remarquables.... Avant, pendant et après. Merci à eux .... Vraiment....

Sous le choc, dans les premiers temps après la perte de Gabriel, nous n'avons pas réagi et nous nous sommes laissés faire comme des automates....

Puis les questions et les doutes sont arrivés.... Et c'est là que tout s'est compliqué !

Nous avions sans cesse l'impression de déranger, et j'ai moi-même été oubliée à deux reprises par la psychologue de la maternité censé être à ma "totale disposition". J'ai découvert les photos de mon fils prises à la naissance toute seule, abandonnée entre deux portes car la psychologue "avait des rdv"....

Quand nous demandions ce qu'était devenu le corps de notre fils, les réponses étaient floues, contradictoire et incohérentes.... Je ne me sentais ni écoutée, ni en confiance....

Il m'a fallu mener ma propre enquête sur Internet et auprès d'associations afin de connaître le devenir d'un corps pris en charge par cet hôpital....

Pendant deux ans par exemple la maternité de mantes la jolie nous a maintenu que les cendres étaient dispersés après l'autopsie au père Lachaise... Or, la crémation a bien lieu dans ce cimetière, puis les cendres sont déposées au jardin du souvenir à Thiais dans le 94.

J'étais pleine de doutes et je ne savais même pas comment avait été traité le corps de mon fils et où je devais me rendre pour lui rendre hommage....

Leur méconnaissance de leur propre dossier m'a amenée à ressentir une énorme culpabilité de ne pas mettre chargé moi-même des obsèques de mon fils....

Je leur faisais confiance. Je me disais que le jour où j'aurai des questions ils sauraient me répondre avec respect et patience.

Depuis la naissance de Rachel,je suis diagnostiquée en dépression post-partum sévère et la psychologue de la maternité de Dreux où j'ai accouché cette fois-ci a bien compris l'origine du problème....

Lors de notre dernier rdv il y a une semaine, elle m'a remis un livret, que la maternité de Dreux donne à tous les parents qui doivent subir cette épreuve du deuil d'un enfant.

Je n'avais pas eu le courage de l'ouvrir jusqu'à aujourd'hui. Et je tombe des nues ! Tout y est décrit avec précision !!

La procédure médicale jusqu'à l'accouchement, la prise en charge et la découverte du corps par les parents, la prise en charge du corps de l'enfant après son "séjour" à la maternité, l'autopsie, la crémation et la dispersion des cendres.

J'ai passé presque 2 ans à me poser des milliards de questions et à culpabiliser de ne pas avoir les réponses. J'y ai perdue en confiance, en raison et en sérénité.

Alors que si n'avions reçus ce livret dès la naissance de Gabriel, nous aurions pu avancer plus sereinement dans notre deuil ....

Je suis en colère ... Je me sens encore une fois utilisée et humiliée ....

Mais je remercie infiniment la psychologue de la maternité de Dreux, qui au fur et à mesure m'apporte les réponses qui me manquent et m'apaise.

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27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 17:15

Toi et moi .... une histoire chaotique, parfois belle et harmonieuse, parfois très violente et amère ...

On se connait depuis "quelques années" déjà, le temps passe si vite ... Personne ne me connait mieux que toi ! Tu sais tout du dehors et du dedans, on a traversé tellement de choses ensemble ... Tu as été mon meilleur ami, mon allié fidèle, et aussi la source de beaucoup de déceptions et de haine ...

J'ai souvent eu du mal à te comprendre, à être tolérante ....

Pour être honnête, je trouve que tu as beaucoup changé ... et je t'en veux, parfois.... Je me sens trahie, même si je sais que j'y suis pour beaucoup dans ce nouvel aspect de nos vies .... Je n'ai pas fait tous les efforts nécessaires, j'ai été trop confiante et négligente. Parce que je pensais que je pourrais te faire confiance, que tu sauras réagir par toi-même.

Quand nous avons perdu Gabriel je t'ai haïs si fort ! Je t'en voulais, j'ai pensé que c'était de ta faute, que tu n'avais pas bien fait les choses, que tu avais déconné grave et que tu m'enlevais le plus grand bonheur que tu m'avais offert quelques mois auparavant ....

Et puis il y a eu Laora, cela n'a pas été facile mais tu as tenu bon ! Tu es resté fiable et fidèle, j'ai retrouvé de la tendresse et de la confiance en toi .... Et quand elle est née je t'ai tout pardonné ! Elle était si belle ! J'étais reconnaissante .... j'ai eu envie de renouer avec toi, de réapprendre à vivre avec toi. Il nous a fallu nous rééquilibrer ensemble, apprendre à vivre à un nouveau rythme. J'ai eu envie de te respecter à nouveau, de prendre soin de toi. J'étais fière de toi ! Je te trouvais beau, changé bien sûr ! L'arrivée d'un bébé est un tel bouleversement ! Mais je t'aimais à nouveau .... j'aimais notre nouvelle relation, plus apaisée et plus affectueuse ....

Et un jour, l'envie d'un autre enfant a fait son chemin ... tu l'as vu venir bien avant moi ! Tu savais, tu avais deviné. Tu me connais par coeur ! Tu as beaucoup hésité, il m'a fallu user de patience, apaiser tes peurs et tes appréhensions. En serions-nous capables à nouveau ?

Il y a eu 3 fausses-couches avérées (4 ??) et plus que jamais je t'ai détesté, méprisé, haï de tout mon être ! Je voulais te faire du mal, que tu souffres, que tu payes ! Pourquoi m'as-tu infligé ça ? Je pensais que tout était de ta faute, je n'arrivais plus à réfléchir .... Plusieurs fois j'ai eu des pensées horribles : un couteau, un coup bien franc et bien placé et tu paierais ! Tu saurais ce que ça fait ! Oui j'avoue j'ai eu envie de te tuer ..... Mais ça aussi tu le sais, tu as tout vu, tout ressenti .... J'ai cru que tu m'avais abandonnée, que tu ne voulais pas de ce bébé et que tu faisais tout pour qu'il n'arrive pas ! Jamais je n'ai autant eu autant de haine en moi .....

Quand je suis tombée enceinte de Rachel, je n'ai pas voulu y croire, je me disais qu'encore une fois tu serais faillible, que tout allait s'arrêter par ta faute.... Et les semaines, les mois ont passés, Rachel est arrivée .... Si belle, si fragile et si parfaite ! On m'a alors expliqué qu'elle ne pouvait pas rester avec moi, car il y avait incompatibilité entre toi et elle ! Quelle ironie ! Encore une fois tu me faisais du mal, tu me montrais tes faiblesses et tes limites ... j'étais folle !

Et toi tu te reposais, tu estimais avoir fait ton "travail", tu reprenais des forces tranquillement ..... Moi je souffrais .... dans mon coeur ..... Mon bébé n'était pas à mes côtés comme je l'aurais tant voulu ......

Nous sommes rentrés à la maison tous ensemble .... j'ai décidé de t'oublier, de te laisser réfléchir tout seul, de ne plus m'occuper de toi. Je t'en voulais encore !

Presque 4 mois après j'ai réfléchis, j'ai pesé le pour et le contre .... tu m'as fait de mauvaises blagues, des blagues qui n'ont fait rire que toi ! Et pourtant, pourtant .... tu m'as offert des trésors, des souvenirs, et un avenir ..... tu as fait de moi une maman, et tu es toujours là.

Oui, tu as changé, oui je te trouve bien moins beau et séduisant qu'avant .... Mais je t'aime encore pourtant ! Car grâce à toi, je suis heureuse, j'ai deux adorables filles à câliner quand je le souhaite .... Je sais que toi et moi nous sommes très fatigués, qu'il nous faudra du temps pour nous retrouver, que notre relation sera à tout jamais changée .... pour le meilleur et pour le pire ? Ainsi soit-il ....

Je te regarde parfois avec tendresse et souvent avec amertume ....

Mais je voudrais te dire, à toi mon corps de femme, mon corps de maman : je te pardonne, et MERCI .....

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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 15:15
Pardon

A mes filles, à mon mari,

PARDON

A toi mon Homme, ma moitié, mon partenaire, mon collègue de vie, mon coéquipier Kho Lanta, mon Amoureux, mon MARI :

Pardon pour ma colère, pardon pour mon épuisement ... pardon pour mes mots, pardon pour mes maux. J'ai été à bout, j'ai été odieuse, j'ai été malheureuse, j'ai été déçue, j'ai été effondrée ... Et tu en as payé le prix, accusé à tort d'aller mieux que moi, de ne pas être concerné, de ne pas être aussi mal que moi, d'être l'homme tout simplement ... Je t'ai mis une pression phénoménale, je t'ai mis à l'épreuve pour voir si tu pouvais tout supporter par amour pour moi. Et tu as admirablement tenu ton rôle ! Tu as respiré pour deux, tu t'es battu contre mon moi hystérique, tu as courbé le dos quand il le fallait, tu as haussé le ton quand il le fallait, ... Mais tu as TOUJOURS, toujours, gardé tes bras ouverts quand je tombais de tristesse ... même en colère, tu as gardé la foi et tu m'as aimée, tu as attendu que je revienne ....

Certains diront que tu as été "faible", que tu t'es laissé "marché dessus par ta femme". Je pense au contraire que tu as tenu le vrai rôle de mari et d'homme ! Celui qui reste fort et digne, même dans les moments les plus difficiles. Celui qui ne tourne pas le dos, qui ne s'enfuit pas ! Celui qui reste debout dans la tempête .....

Sache-le mon Amour, Querido, Chéri, Bébé : JE T'AIME, bien plus que moi, bien plus que ma "liberté" ! Une liberté sans toi ce serait comme une prison finalement .... Merci mon amour .... Merci et Pardon ....

A vous mes deux merveilles, mes filles, mes bébés, mes petites ....

Pardon Laora pour les hurlements, pour les punitions mal gérées, pour les "NON", pour les "PARCE QUE" non expliqués... Pardon pour les humeurs de chienne enragée, pardon pour mes larmes de fatigue que tu n'aurais pas du voir, pardon pour les câlins que je ne t'ai pas accordés au bon moment, pardon pour les après-midi dessins animés, où tu t'es ennuyée sans te plaindre, parce que "maman était trop fâchée pour jouer". Pardon pour les "tu me soules, tu m'énerves, tu me rends dingue", qui n'étaient destinés qu'à moi-même .... Pardon pour les cris, pardon pour les silences .... Tu es si forte et si douce en même temps ! Je t'entends dire souvent "maman je t'aime / maman crie pas ça va aller / maman on fait un câlin" et je pleure ! Je pleure d'admiration ! Je t'admire ma si petite fille, ma petite maman, ma chérie. De tout mon coeur je t'aime, je t'adore, je t'envie ... j'envie ta douceur et ta joie de vivre ! Tu as une chance incroyable de porter ces qualités dans ton coeur. J'espère qu'elles te viennent un peu de moi ....

Pardon ma grande fille, mon petit bébé, pour la maman en colère que tu as subis ces dernières semaines .... Je suis revenue, et tu m'as tant manquée ....

A toi ma Rachelounette ... mon petit Trésor, ma petite fripouille, ma toute tendre et douce amour .... Pardon ma merveille pour ces premières semaines chaotiques .... pardon pour les larmes, pardon pour ma fatigue ... pardon pour les "mais qu'est-ce qu'elle a encore ?", pardon pour les "mais elle en fait exprès ou quoi ?" Pardon d'avoir eu des pensées de colère quand tu pleurais pour lutter contre des coliques, quand tu n'arrivais pas à trouver le sommeil, quand tu avais tout simplement besoin d'un câlin ! Pardon d'avoir très vite oublié que naître, découvrir le monde, est une aventure bien compliquée parfois .... pardon d'avoir pensé que tu étais "une enfant difficile" alors que tu avais juste besoin de te remettre doucement de cette séparation "juste post-naissance" qui nous a tous chamboulés, Papa compris .... Pardon pour les gestes un peu brusques, pour la patience cachée, pour les câlins forcés (qui n'en sont plus donc ....)

Je te demande mille fois pardon car je le sais, je l'ai bien vu, tu ne m'as JAMAIS, JAMAIS regardé autrement qu'avec tes petits yeux innocents plein d'amour ....

Et je me dois, après tous ces "mea culpa", je vous le dois à tous les trois : MERCI. Merci de m'avoir laissé le temps de traverser cette période sombre de la "dépression sévère post-partum". Je n'en suis pas encore sortie, je le sais le chemin sera long. Mais vous m'avez permis de rallumer la petite lumière éteinte en moi .... vous êtes mes phares ! Sans vous, je me fracasserais contre des rochers .... et je mourrais de froid sans aucun doute ....

Encore ce genre de chose obscure dont on se dit "ça ne m'arrivera pas, à moi", et qui vous tombe dessus comme une chiure de pigeon .... faible probabilité pour grands tracas ! Ce genre de "chose" qui vous pousse vers le petit bureau d'un(e) psy, pour pleurer, pleurer, pleurer .... pleurer et parler pour toutes les fois où on n'as pas pu / voulu le faire .... Ce genre de chose qui vous gâchent de précieux moments et vous coûte cher en sentiments, en énergie, en force ....

Dans cette tempête, j'ai eu la chance incroyable de pouvoir trouver en mon foyer l'Amour et la douceur qui me faisaient défaut ....

Je vous aime mes amours, merci d'être VOUS.

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 22:55

https://www.youtube.com/watch?v=-X6qF7sF9eo

 

"tu dois être si heureuse" / "c'est que du bonheur" / "comme tu dois te sentir épanouie et fière" ... parfois non, et c'est (très) difficile.... La maternité peut être un traumatisme, un vrai. Pas à cause de nos bébés : à cause de nos histoires personnelles, à cause du "ça doit se passer ainsi", ou du "soit heureuse et tais-toi !" ... et ça finit chez la psy pour "se vider". Mais ce n'est pas un échec ! Et il faut le dire, en parler, se faire aider ....
Je n'aurais jamais pu écrire tout cela il y a encore quelques semaines. Je suis en plein "travail" comme on dit. J'essaie d'avancer, malgré les épreuves, malgré le dégoût, malgré la trouille intersidérale qui gâche tous le bonheur qu'apporte la venue d'un petit être. Quand se lever le matin devient une épreuve, quand penser à sa journée à venir est un cauchemar, quand le moindre grain de sable nous rend hystérique, il FAUT parler, il faut accepter la difficulté du "bordel mental" et admettre que oui, là tout de suite, on a besoin d'aide. D'aide URGENTE. Parce que le trop-plein d'émotions peut rendre complètement dingue ......

S'il vous plaît futures / nouvelles mamans : ne culpabilisez pas de vous sentir dépassées, ne vous mentez pas à vous-même. Ecoutez-vous : si vous vous ne vous sentez pas "épanouie" comme on vous le vend à tous les vents, c'est NORMAL et fréquent .... ça arrive, ça ne fait pas de vous des "merde" en puissance comme j'ai pu le penser si souvent à mon égard ....

Trop de sujets tabous entourent encore la maternité .... ne cédez pas à ce qu'on attend de vous ! Soyez vous-même, avec vote passé, votre histoire, vos fragilités ....

 

(A appliquer à moi-même urgemment...)

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